Colliers de pacotille : nos chefs d’Etat comme au bon vieux temps de la traite négrière ?
L’histoire nous apprend que « La traite atlantique, la plus intense, fut effectuée au profit d'Européens aidés par certains chefs africains des zones côtières ». Quelle était la contrepartie de cette si précieuse aide que l’historiographie occidentale prend toujours soin de bien mettre en exergue comme pour se purger d’un certain dysfonctionnement de conscience ? L’histoire précise que « Les navires négriers partaient de l'Europe les cales pleines de « pacotille » (verroterie, miroirs, objets de parure, coquillages) ». C’était une période obscure, barbare, avec des hommes à l’avenant. Une période dont on est peu fier aujourd’hui, pour dire le moins. Ces Africains qui n’hésitaient pas à « troquer » des êtres humains, leurs frères et sœurs de sang, contre de la pacotille, pour qu’on fasse de ces pauvres hères des esclaves, des hommes-outils-machines à produire des services et des biens pour le plus grand bien du grand capitalisme occidental à la conquête du monde… Ces Africains-là, ils sont d’une autre époque, celle d’une Afrique au cœur des ténèbres, pour emprunter les mots si puissants de Joseph Conrad. Vraiment ?
Il ne faut pas se faire des illusions. De nouvelles formes d’exploitation ont pris la place des anciennes : comme le néocolonialisme succédant au colonialisme, un néoesclavagisme a remplacé l’esclavagisme, subrepticement. Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Za Banga se considérait comme un Chef traditionnel africain. Ce n’était pas un accès d’authenticité mais une crise surprenante d’honnêteté. Auxiliaire du capitalisme international à visage occidental, il a livré pendant son règne le pauvre peuple congolais aux néoesclavagistes contre de la pacotille, exactement comme ses prédécesseurs du XIVe, XVe siècle et au-delà. Tous ces présidents qui plastronnent sur les tribunes officielles africaines aujourd’hui et parlent avec tant de véhémence de république et de démocratie, sont-ils différents de Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Za Banga ou de ces chefs d’autrefois auxiliaires, pour de la pacotille, des esclavagistes ? Les décors ont changé, ainsi que les visages des individus, ici et là bien sûr. Les mêmes constantes ont cependant demeuré : la pacotille d’occident, dans tous les sens du terme, fait toujours une recette énorme et surprenante auprès de nos chefs traditionnels d’Etat. Comme autrefois, ils affectionnent particulièrement les colliers de pacotille, de la verroterie, surtout quand celle-ci brille, scintille. Tant pis pour ceux qui croient que tout ce qui brille n’est pas or. Et le fait que sur les autres continents, une telle affection, qui est au sens propre une véritable infection, ne touche aucun autre chef d’Etat les laisse apparemment indifférents. Pourquoi en serait-il autrement puisque nous sommes dans le contexte d’une nouvelle traite négrière ou si vous préférez d’un néoesclavagisme ?
Roger KAFFO FOKOU
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