Comme César, le SNAES aujourd'hui s'écrie: "Toi aussi, mon fils!"
D'anciens membres autrefois influents du SNAES, las de creuser le sol sous les pieds de ce syndicat, dépités de la résistance de ce dernier à leur achrnement aveugle et incompréhensible, ont enfin décidé, comme le loup de la fable, de sortir du bois ces derniers temps, ces temps qui comme l'on sait, ont montré que dans notre pays la honte soit n'existe plus, soit ne tue plus. "Toi aussi, mon fils!"
Le parricide semble être au fondement de nombreuses sociétés humaines. L’univers indo-européen en donne de multiples exemples, d’abord dans leurs panthéons où la pratique semble être de règle, puis dans leur histoire politique ; et parmi les plus célèbres exemples figure sans aucun doute celui de Brutus, Lucius Junius ou Marcus Junius peu importe L’infanticide, terme peu approprié pour désigner le fait d’assassiner son propre enfant, n’est pas non plus une pratique inexistante : Cronos dévore chacun de ses enfants à la naissance et Zeus ne doit sa survie qu’à la détermination rusée de sa mère.
Quelle leçon tirer de tout ceci ? Entre autres que les intérêts individuels, pour peu qu’ils soient suffisamment puissants, passionnés, lèvent le jour sur les côtés les plus sombres de l’être humain. « Toi aussi, mon fils ! », s’exclame mais trop tard un César désabusé. Comme dans l’univers racinien ou dans la Rodogune de Corneille, lorsque se déchaînent les passions, toutes les vertus font place nette, laissant le champ libre à l’hypocrisie, à la rouerie, à la démagogie, à la trahison, et bientôt au crime le plus noir. Oui, il faut se faire violence et le dire en toute simplicité : même dans la meilleure des familles, l’hypocrisie est le masque préféré de la trahison et les plus vives protestations d’amour ne sont souvent qu’un appât mortel pour les ingénus. Le SNAES n’a expérimenté que cela au cours des dix-huit dernières années et s’il est vrai que 18 ans c’est l’âge de raison, il est grand temps que ce syndicat en tire des leçons.
Où sont-ils passés, tous ces messieurs et dames qui, sur toutes les tribunes et tous les tons ont clamé ces 18 dernières années leur amour pour le SNAES, pour la famille SNAES ?
« Syndicaliste, je suis pour sauver l’école / Du côté du SNAES je combattrai/… Même face à la plus rude adversité/ Avec la même ardeur syndicale/…Je franchirai le Rubicon final ».
Qu’il est beau, cet hymne du SNAES ! Comme tous les mensonges les plus réussis. Et comme nous le chantions avec provocation et défi ! Seulement, voilà : aucun responsable du SNAES, une fois son poste de responsabilité dans l’organisation perdu, n’a jamais à ce jour attendu le lendemain pour cesser d’être un militant du SNAES ! Des membres fondateurs aux responsables les plus récemment emportés par les élections, chaque scrutin, chaque discorde au sein du SNAES a fait tomber un mur entier, avec plus ou moins de fracas : 1995, 1996, 1998, 2004… Chaque fois qu’un membre, un responsable a pu décrocher un strapontin dans l’administration, il s’est dépêché de dissimuler, quelquefois de déchirer sa carte du SNAES. S’il en existe un seul, qui a payé 100FCFA de cotisation syndicale après avoir perdu son poste au SNAES, après avoir obtenu un poste de l’administration, qu’il n’hésite pas à témoigner.
Quelle espèce d’amour avons-nous donc jusqu’ici porté au SNAES ? Ce n’était donc pas une idée, à laquelle nous étions attachés et pour laquelle nous étions prêts à donner nos vies : ce n’était qu’un outil ! Ce n’était même pas un outil de promotion collective, c’était tout juste un tremplin individuel ! Quand l’usage égoïste nous en a été retiré ou qu’il s’est mis à perdre de son élasticité avec l’âge, les mieux intentionnés l’ont largué, les plus cyniques se sont mis à le poignarder. Comme Brutus plongeant le poignard dans le sein de César… Toi aussi, mon fils !
Et quand lâchement un père a coupé les vivres à son fils mineur, un fils a privé de son soutien son géniteur en état de nécessité, il doit, comme tous les lâches, baisser le front, fermer la bouche et s’effacer pour tenter de faire oublier son crime.
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