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ENSEIGNANTS DU SECONDAIRE : une catégorie sinistrée au sein de la profession

Il est un mensonge qu’il faut aujourd’hui dénoncer avec énergie : l’éducation de la jeunesse n’est pas une réelle préoccupation de l’Etat camerounais. Derrière la prestidigitation des chiffres du budget et des reportages orientés des médias d’Etats ou stipendiés, l’éducation réelle, celle que les responsables à tous les niveaux de ce secteur cachent avec soin chacun pour préserver sa place et son « gombo » - malheur à celui par qui le scandale arrive, chuchote chacun – vit un calvaire inimaginable à l’ère des « grandes réalisations ». Les budgets ont été entièrement siphonnés depuis deux ans, même si aucun proviseur ne peut avoir le courage de le dire publiquement ; les infrastructures sont dans un état lamentable ; le pourcentage des enseignants vacataires dans le secondaire est en train de rattraper et même de dépasser ici et là celui des titulaires. Dans ce tableau apocalyptique, seul l’amour du métier soutient encore les quelques enseignants du secondaire qui font encore leur métier à peu près correctement, parce que l’enseignement secondaire est, des trois niveaux et toutes proportions gardées, le plus sinistré aujourd’hui.


Les professeurs des lycées ont aujourd’hui un traitement à des années-lumière de celui du premier échelon de l’enseignement supérieur. Un enseignant assistant de nos universités a en effet en terme de rémunération et de primes diverses un traitement qui le propulse très loin au-dessus du professeur des lycées. Pourtant les classes terminales des lycées confiées aux professeurs des lycées sont considérées comme le premier niveau de l’enseignement supérieur, et c’est à ce titre que les examens baccalauréats sont supervisés par l’enseignement supérieur.  


D’un autre côté, le traitement du professeur des collèges ou des lycées ne se différencie guère aujourd’hui de celui de l’instituteur, depuis l’application de la grille salariale des années 90.


Un professeur des collèges ou des lycées commence sa carrière au moins à l’indice 430 et la termine entre 900 et 1140. Sur 1140 points d’indices que représente cette carrière, seuls 300 sont payés à taux plein (434,7FCFA/indice), et donc que 840 points sont payés à tarif dévalué (178,25FCFA soit 41% de la valeur de l’indice plein). Cela veut dire qu’on spolie 495 (59% de 840) points d’indices à ces enseignants, et qu’en réalité, au lieu de plafonner à 1140 comme on le leur fait croire, on les fait plafonner à l’indice 645. Si l’on essaie de calculer le manque à gagner que représentent 495 points d’indices au taux de 434,7Fcfa/l’indice, cela représente pour l’enseignant arrivé à l’indice 1140 une perte sèche de 215.176,5Fcfa. De quoi lui permettre de vivre décemment, de se documenter, de s’acheter un ordinateur portable et se payer une connexion Internet en se fichant de la prime de documentation, et devenir un enseignant digne de ce nom. L’incidence que cette ponction aurait pu avoir sur sa prime de non-logement (43.035Fcfa de plus) représente significativement presque le montant qu’il réclame comme prime de documentation et de recherche.


Pourquoi l’enseignant du secondaire devrait-il accepter de se laisser dépouiller au sens propre du terme, d’année en année, par un Etat qui fait des cadeaux somptuaires aux autres – 3 milliards pour les gouverneurs et préfets, des primes de recherche y compris aux manœuvres des universités d’Etat, des dizaines voire des centaines de milliards détournés impunément (en 2008 l’on aurait détourné 240 milliards de fonds publics au Cameroun – y compris aux étrangers (la facture des prestataires étrangers de la dernière présidentielle donne le vertige !) ?



19/01/2012
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