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ENTRE SLOGANS ET REALITES : Les chantiers oubliés des cinquante dernières années au Cameroun

Par Roger KAFFO FOKOU, auteur de Cameroun : liquider le passé pour bâtir l’avenir, Paris, L’Harmattan, 2009.

 

Il y a de cela 50 ans, comme 16 autres territoires africains jusque-là sous domination étrangère, le Cameroun accédait à « l’indépendance » mais dans quel état ? Cette question mérite toute notre attention au moment où, prétextant du cinquantenaire de cet important jalon de notre histoire, nous avons tous, semble-t-il, décidé d’amalgamer passé et présent, pour donner à l’actualité ce qui appartient à l’histoire. Avant de nous livrer à un inventaire d’épicier sur les réalisations des cinquante dernières années afin de mieux justifier révérences et génuflexions serviles, il serait bon que soient revisités les chantiers prioritaires de 1960, afin d’évaluer leur état d’avancement ou d’achèvement aujourd’hui. On verra alors si certains, faute d’avoir été les héros des indépendances, ne méritent pas aujourd’hui respect et admiration pour leur investissement des cinq dernières décennies au service de notre idéal collectif. Entre mémoire sélective, omissions volontaires et réécriture orientée de l’histoire, en choisissant de célébrer l’indépendance dans l’oubli du jour historique de sa proclamation comme s’il s’agissait d’un événement perdu dans la forêt touffue d’un calendrier inextricable, et en déplaçant de 11 ans la réunification pour la faire coïncider avec un événement plus politique qu’historique – le « décret/ordonnance » référendaire du 20 mai 1972 – nous trahissons notre désir profond de brouiller les cartes pour manipuler l’histoire. Comment expliquer que dans notre actuel calendrier républicain janvier et octobre coïncident si bien avec mai ? C’est que janvier et octobre sont au cœur de l’histoire et rappellent des chantiers plus ou moins oubliés ou abandonnés alors que mai est au cœur de la politique et se prête merveilleusement à la propagande. La politique a ses impératifs comme l’Etat a sa raison. N’étant point politicien, nous avons choisi dans cette réflexion de prendre le parti de l’histoire pour nous intéresser à quelques-uns de ces chantiers oubliés des cinquantenaires, chantiers dont la configuration était, comme on va le voir, intimement liée aux contextes mêmes de la concession des « indépendances ».


1. Le contexte local et international des « indépendances »

Ce qu’il a été jusqu’ici convenu d’appeler les « indépendances », dans les formes et les contenus qui leur ont été donnés ici et là, résulte en effet d’une combinaison d’éléments des contextes international et local de l’époque.


Au plan international, il y avait d’une part la situation des Etats-Unis  émergeant comme l’un des grands gagnants de la deuxième guerre mondiale, avec une industrie en pleine expansion et en quête de débouchés; en face d’eux, les nations européennes et plus particulièrement la Grande-Bretagne et la France avaient bâti des empires coloniaux qui couvraient l’essentiel de la planète, empires avec lesquels ces métropoles entretenaient des relations commerciales préférentielles et souvent exclusives. Dans la perspective de la fin de la guerre, les Etats-Unis entendaient pouvoir profiter de leur nouvelle supériorité industrielle et économique pour investir le vaste marché international sans se heurter aux obstacles des prérogatives coloniales. Il ne faut pas oublier cette phrase de Jules Ferry en 1890, dans Le Tonkin et la mère patrie : « La politique coloniale est fille de la politique industrielle ». Les Américains pour qui la décolonisation était déjà une vieille préoccupation – cf. les 14 points du programme de Woodrow Wilson en 1918 - allaient ainsi conditionner l’abandon de leur attitude de neutralité et leur entrée dans la guerre aux côtés des alliés par la promesse ferme du démantèlement des empires coloniaux dès la fin de la guerre. Cette promesse allait être matérialisée le 11 août 1941 par la signature de la charte de l’Atlantique entre Roosevelt et Churchill. Celle-ci affirmait la nécessité « d’établir un régime de collaboration économique avec les États et restaurer les droits souverains des peuples ». D’autre part, l’ordre socialiste en pleine construction sous l’égide de l’Union soviétique s’était fixé comme l’une de ses missions essentielles de lutter contre la domination coloniale : au lendemain de la révolution russe, le 3 novembre 1917, le soviet des commissaires du peuple avait proclamé le droit des peuples à l’autodétermination. Aussi, après la deuxième guerre mondiale et l’entrée dans la guerre froide, les soviétiques allaient-ils se lancer dans la formation et le financement des mouvements de libération à travers la planète.


Au plan local, les nationalismes développés au lendemain de la première guerre mondiale devaient s’exacerber au lendemain de la seconde, allumant dans de nombreuses colonies une résistance farouche qui se transforma ici et là en une féroce guerre d’indépendance : Inde, Indochine, Algérie, Cameroun...  


Ainsi, malgré la signature de la charte de l’Atlantique, - en 1942 vingt-six pays l’avaient déjà signée – ce ne fut pas de gaieté de cœur que les puissances impérialistes se résolurent à émanciper leurs colonies. Du côté de l’empire français, les résistances furent encore plus vives, d’autant qu’à la conférence coloniale de Brazzaville en 1944, le général De Gaulle avait été particulièrement clair et précis : « Les fins de l’œuvre de civilisation accomplie par la France dans les colonies écartent toute idée d’autonomie, toute possibilité d’évolution hors du bloc français de l’empire ; la constitution éventuelle, même lointaine, de self-governments dans les colonies est à écarter ». Pris donc entre deux feux, sur le plan international la pression américaine et soviétique et au plan intérieur la résistance des mouvements nationalistes, les puissances colonisatrices allaient-elles se résigner à accorder une « indépendance » à leurs colonies, mais une indépendance plus ou moins minimale selon les territoires, les puissances impliquées et les forces intérieures en présence (cf. «La françafrique : une spécificité française ? » sur le même blog). Comment peut-on caractériser a posteriori le type d’indépendance que le Cameroun a fêté le 1er janvier 1960 il y a aujourd’hui 50 ans ? Et depuis lors, qu’en a-t-on fait ? Il suffit de scruter l’état du Cameroun que la France nous « laisse » à ce moment-là, à la lumière de celui dans lequel nous avons célébré les cinquantenaires.


2. De 1960 à 2010 : quelles évolutions ?

Le Cameroun qui accède à « l’indépendance » le 1er janvier 1960 est un Etat minimal qui doit gérer un territoire mutilé, une population divisée et une économie extravertie. Son seul atout réside alors dans l’exceptionnelle richesse de sa société politique.


a. De la souveraineté territoriale : un territoire qui n’a pas fini d’être mutilé ?

Il faut se rappeler que le Cameroun que la France et la Grande-Bretagne arrachent à l’Allemagne en 1916 – les traités de Versailles en 1919 viendront simplement entériner un état de fait – couvre 760.000 km2. En 1961, à la réunification, le Cameroun, du fait conjugué de la France et de la Grande Bretagne, avait subi une cure drastique d’amaigrissement, son territoire n’étant plus que de 475.000 km2, soit tout juste 62,5% de la surface que ces deux puissances avaient reçue de la SDN. Faisaient partie du Cameroun allemand le nord du Gabon, le nord-ouest du Congo, une partie du Sud du Tchad et de l’ouest de la République centrafricaine pratiquement jusqu’aux champs pétrolifères de Doba, et bien sûr l’ancien Cameroun septentrional que le referendum d’autodétermination de 1961 manipulé par les Nations Unies donnèrent en cadeau au Nigeria. Comme si cela ne suffisait pas, au lendemain des « indépendances », le Nigeria a tenté de tailler encore dans la parcelle du Cameroun méridional dont il n’avait pu s’emparer en 1961 une bande d’environ 1000 km2 aux énormes potentialités : Bakassi. En réussissant à sauver ce petit lopin de territoire, le Cameroun donne aujourd’hui l’impression de le recevoir pour solde de tout compte envers le Nigeria, et semble manifester envers ce puissant voisin ainsi qu’à l’endroit des institutions internationales hier complices du démantèlement de notre territoire une gratitude infinie.


Le Cameroun qui accède à « l’indépendance » en 1960 n’est qu’un tout petit bout de lui-même. En 1961, cette situation s’améliore légèrement par l’adjonction du Cameroun méridional. Et le reste ? En vertu du sacro-saint principe des frontières héritées de la colonisation et en admettant que le seul colonisateur juridiquement reconnu du Cameroun à ce jour reste l’Allemagne – la France et la Grande-Bretagne n’ont exercé qu’un mandat de la SDN transformé en accords de tutelle de l’ONU – 37,5% du territoire du Cameroun échappe encore à la souveraineté de l’Etat camerounais. Et s’il faut que cet état de fait impérialiste soit définitivement entériné par le peuple camerounais, il est important que cela soit négocié en vue de compensation appropriées et acceptées. Dans le cas contraire, notre indépendance territoriale restera à parfaire, jusqu’au jour où enfin notre pays aura retrouvé l’intégralité du territoire qu’il aurait dû hériter de la colonisation.


b. Des déchirements de la population

En 1961, le Cameroun fête la réunification dans un pays fortement divisé sur les plans linguistiques, religieux et ethniques. La problématique de l’unité était d’ailleurs déjà au cœur des luttes pour l’indépendance.


Au plan linguistique, on sait que la double domination française et anglaise a divisé le pays en deux zones linguistiques officielles qui venaient se superposer aux plus de 270 langues nationales existantes. Et malgré les évolutions institutionnelles ultérieures, les clivages sont restés et s’approfondissent. Le projet de mettre en place un bilinguisme intégral, qui aurait permis de ressouder le pays, échoue  en raison d’un manque de volonté politique et peut-être d’une absence d’autonomie décisionnelle. 50 ans après « l’indépendance », le Cameroun est toujours empêtré dans deux systèmes éducatifs et judiciaires, lesquels sont devenus des fonds de commerce pour les politiciens de tous bords, et une brèche qui s’est agrandie au point d’ouvrir un large passage aux sécessionnistes de la SCNC.  Quant aux langues nationales, au moment où l’on expérimente leur introduction dans les programmes, aucune politique officielle de développement scientifique de ces langues n’existe, au point que les objets que l’on a décidé d’insérer dans les programmes sont avant tout des OVNI, des objets virtuels non identifiés.


Dans le domaine religieux, l’opposition feutrée entre christianisme et islam recouvre une opposition entre religions importées et religions locales. La tendance à l’islamisation très forte sous Ahmadou Ahidjo a depuis laissé place à un prosélytisme chrétien effréné sous le règne permissif de M. Biya. Parce que depuis l’aube l’Etat camerounais, tout en proclamant son caractère républicain et laïc n’a jamais cessé de jouer de la corde religieuse en sous main et à chaque fois au détriment des croyances du cru, les conditions d’un impérialisme religieux se sont progressivement installées et aujourd’hui, au Cameroun, il y a désormais par quartier dans nos villes et villages, plus d’églises et de mosquées que d’écoles et de dispensaires réunis. Les cérémonies récentes des cinquantenaires ont été officiellement lancées par des cultes œcuméniques présidés par les autorités de l’Etat ! Pour célébrer ces cultes dont l’importance pour la circonstance échappe à l’observateur un peu ingénu que je suis, un grand absent : le représentant du culte traditionnel. Quand l’on sait à quel point les religions importées ont été soit indifférentes, soit hostiles aux luttes pour l’indépendance (cf. « Le défi démocratique au Cameroun : l’obstacle religieux » sur le même blog), l’on ne peut s’empêcher de se demander si l’offensive actuelle ne vise pas surtout à fragiliser la consolidation de l’indépendance et de l’unité nationale.


Parlant des divisions ethniques, il n’est pas superflu de rappeler à quel point les ambitions politiques externes et internes avaient déjà ethniquement divisé le Cameroun en 1960. Les propos du colonel Lamberton, d’André-Marie Mbida, de Charles Okala et consorts avaient contribué à dresser les ethnies camerounaises les unes en face des autres, se regardant en chiens de faïence. Ahidjo qui prétendait avoir fait de l’unité nationale le cœur de sa politique -  « Oui, disait-il, nous voulons une nation, une véritable nation unie, une nation où un citoyen, où qu’il soit, se sente chez lui, soit considéré comme un compatriote par les autres citoyens du Cameroun » - s’opposa à toute initiative de réconciliation nationale – la table ronde proposée par la gauche libérale en 1958, la constituante proposée par les mêmes en 1960 – et mit en place un Etat clientéliste géré sur la base d’une arithmétique régionale dont l’effet le plus indiscutable est d’avoir constamment rappelé à chaque Camerounais son appartenance ethnique, laquelle a été jusqu’ici selon les époques et les lieux une bénédiction ou une malédiction. M. Biya, son digne héritier, trouvant sans doute que son prédécesseur avait eu beaucoup de génie mais pas assez de courage, a élevé ces principes au niveau d’une véritable philosophie politique. De plus en plus aujourd’hui, l’on ne peut plus être député, maire, proviseur, commissaire de police, gestionnaire d’un démembrement de l’administration camerounaise que dans son village. Même les ministres sont depuis longtemps devenus des ministres du village. Cette situation, génératrice de marchandages et de corruption, a aussi généré d’énormes frustrations et, derrière la lutte pour l’amélioration des quotas tribaux de répartition du gâteau national, il est aisé de voir se profiler les germes des confrontations de demain (cf. les révélations de Wikileads à propos de l’ex-ministre de la justice Amadou Ali), dont certaines pourraient, mal maîtrisées, déboucher sur des situations radicales susceptibles de compromettre ce qu’il reste de l’Etat. Surtout lorsque en dehors de tout consensus il semble être admis que certaines ethnies ont droit au pouvoir suprême et que d’autres en sont exclus.


c. De la dépendance économique

La véritable indépendance est économique, dit-on souvent. A la veille de la proclamation de « l’indépendance », nous raconte Philippe Gaillard, « Xavier Torre, dernier haut commissaire de la république française, a quitté le Cameroun à la fin de décembre. Pas très élégamment : il a vidé le palais qui allait devenir présidentiel, laissant quarante-huit heures à Madame Ahidjo et au personnel pour trouver des meubles afin de loger les hôtes ». Ne voilà-t-il pas là une belle métaphore ? Ainsi, la France, en s’en allant, pratique une politique de la terre brûlée, vidant les administrations de leurs équipements et mobiliers, les caisses de leurs contenus etc. S’étant assurée que le nouvel Etat n’aurait pas les moyens de la simple survie, - il a besoin de cadres qualifiés pour son administration et l’on n’en avait pas formé, d’argent pour payer les salaires et les caisses ont été vidées, d’équipement pour fonctionner et tout a été déménagé – la France sait que l’on n’hésitera pas à signer les accords d’indépendance, sortes de traités inégaux qu’elle va proposer comme condition de son appui multiforme. Dès lors, rien ne s’oppose plus à ce que le colonialisme se transforme en néocolonialisme. La monnaie, un des attributs essentiels de la souveraineté des Etats, est confiée à la Banque de France, ce qui fait que la politique monétaire du nouvel Etat est élaborée de l’extérieur, en fonction naturellement des intérêts économiques étrangers. 50 ans après « l’indépendance », cette situation n’a point évolué. En conséquence, les outils de financement de l’économie que sont les banques restent monopolisés par le secteur économique étranger, permettant aux entreprises étrangères et ce malgré le savoir-faire local, d’emporter l’essentiel des gros contrats d’investissement sur la place nationale. Les privatisations du secteur public et parapublic des années 90-2000 ont montré clairement la prééminence de ce secteur économique étranger qui a mis l’économie du Cameroun en coupe réglée et ne laisse aux nationaux que la gestion des résidus. Les difficultés de nombreuses structures de micro crédits à obtenir un agrément bancaire malgré leur know-how et la situation exceptionnelle de leur capitalisation, les problèmes de la CBC, l’intrusion intempestive du FMI et de la Banque Mondiale dans le paramétrage de notre économie depuis près de 20 ans avec ce résultat que nous avons dû nous battre pour être élus PPTE, montrent bien que notre indépendance économique est encore un projet, un projet que le document de stratégie vient tout juste d’adopter à l’occasion de l’organisation de ces cinquantenaires.


d. De  l’évolution politique et institutionnelle : de l’acceptable à la nullité ?

En 1960, lorsque le Cameroun accède à « l’indépendance », il existe dans le pays une société politique vivante et dynamique. De nombreux partis politiques côtoient de nombreux syndicats et associations. Ces différents acteurs animent une vie politique intense et les Camerounais de tous bords sont très sensibilisés sur les grands enjeux auxquels le pays doit faire face. Les hommes et les femmes de cette génération-là, qui connaissaient l’histoire, savaient ce que c’était que le patriotisme. Avec de tels atouts, il suffisait de mettre les gens ensemble et d’élaborer le cadre de la participation de tous pour que le pays s’engage sur la voie du décollage. Cette fondation, au lieu d’être renforcée, a été systématiquement démolie au fil des régimes.


Dès 1960, Ahidjo inaugurait l’ère des élections truquées.  Il s’appuya en effet sur une administration publique du nord-Cameroun encore largement française pour manipuler les résultats du referendum constitutionnel de 1960 qu’il avait perdu dans le sud. Cet échec déguisé en victoire lui servit de leçon et désormais il s’attela à détruire la vie politique camerounaise. Dès 1966, il réalisa aux forceps l’unification politique sous la bannière de l’UNC. En 1972 ce fut le tour des syndicats de passer à la trappe : pour les remplacer un machin annexé à l’UNC, l’UNTC fut mis en place. Pour bien montrer que le statut des Camerounais n’avait changé qu’en apparence, l’hymne national du Cameroun colonial fut conservé jusque dans ses vers les plus insultants pour l’amour-propre national, avec une devise à l’avenant que nous avons gardée 50 ans plus tard. Vestiges d’une ère apparemment révolue, ces symboles d’un Etat dont les citoyens n’ont que des devoirs, comme dans une société de type esclavagiste ou féodal, ont survécu aux cinquante dernières années et risquent, pour combien de temps encore nul ne le sait, de continuer à étouffer comme un corset toute tentative de penser et d’agir véritablement pour la liberté et l’épanouissement des Camerounais sans qui le Cameroun ne pourrait être qu’une fiction.


Et effectivement, 50 ans après «l’indépendance », chaque Camerounais est moins indépendant que jamais, plus déçu que jamais : il ne choisit pas ceux qui le gouvernent et par conséquent ne participe pas à l’élaboration des politiques qui gèrent sa vie quotidienne. Il n’a pas son mot à dire sur l’éducation qu’il reçoit ou que l’on donne à ses enfants, au volume d’impôt qu’il paie ainsi que ce qu’on en fait ; sa survie dépend de la magnanimité d’un chef de l’Etat qui, en fonction de sa météo personnelle, lui consent un emploi précaire ou l’abandonne au chômage, lui accorde des avantages mirobolants ou un salaire de misère révisable sans consultation et sans préavis, suspensible indéfiniment sans justification. Le multipartisme des années 90, immédiatement suivi de la débilitation des partis d’opposition, a achevé de décrédibiliser la politique aux yeux des Camerounais de toutes générations et désormais le Cameroun est devenu un espace dépolitisé où le citoyen suit avec attention la « Champions league » et le pari mutuel urbain mais se fiche de l’action politique comme de l’an mille. Quand la gestion de la cité a  cessé d’intéresser le citoyen, comment faire de lui un agent de transformation positive de son environnement ?


La souveraineté n’appartenant réellement qu’au peuple, peut-on dire d’un pays qu’il est souverain quand son peuple a abdiqué et que ses dirigeants gouvernent sous la dictée d’instances bilatérales et multilatérales ? Consolider notre indépendance et notre unité, ce n’est pas, à mon sens, célébrer les hommes politiques des 50 dernières années et plus particulièrement ceux qui sont au pouvoir. L’histoire ne s’écrit pas au présent, et la postérité saura toujours rendre justice à chacun. A l’heure de la déscolarisation massive, du chômage endémique, des salaires de misère, de l’exode frénétique des jeunes, alors que notre pays a dégringolé de son rang de pays à revenus intermédiaires à celui peu envié de pays pauvre très endetté, il est du devoir de tout intellectuel de s’opposer à toute entreprise de mystification car seule la vérité libère et permet d’aller dans la bonne direction.



12/12/2011
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