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La France face à la mondialisation : Mittal à l'Élysée, qu'il y reste !

Par PIERRE-ANTOINE DELHOMMAIS Le Point.fr - Publié le 05/12/2012

 

"Tout s'anéantissait au fond de l'inconnu des nuits obscures, il n'apercevait, très loin, que les hauts-fourneaux et les fours à coke. C'était d'une tristesse d'incendie, il n'y avait d'autres levers d'astres, à l'horizon menaçant, que ces feux nocturnes des pays de la houille et du fer."  

Qui a lu Zola au lycée a été surpris de voir l'ardeur d'un gouvernement socialiste pour empêcher la fermeture de hauts-fourneaux, symbole indépassable de la misère ouvrière. Il est vrai que les dirigeants actuels boboïsés du PS n'ont que ­rarement l'occasion de rencontrer des ouvriers. Sans doute pour eux ont-ils ­encore le visage d'Étienne Lantier, le ­héros de Germinal. Ce gouvernement soucieux de créer les emplois de demain et de promouvoir les nouvelles technologies était donc prêt à débourser plusieurs centaines de millions d'euros qu'il n'a pas pour sauver les deux hauts-fourneaux de Florange et leurs 630 emplois malheureusement sans grand avenir - contrairement aux 1 900 emplois de la "filière froide" du site, moderne et compétitive. Prêt à construire l'industrie du XXIe siècle sur la nostalgie du XIXe. 

 

Les propos haineux de M. Montebourg contre M. Mittal, mais aussi les nombreux soutiens de droite au projet avorté de nationalisation du site, ont reflété le rejet de tout un pays pour une mondialisation qui humilie son ego. L'Inde, où est né M. Mittal, représentera, selon l'OCDE, 18 % du PIB mondial en 2060, neuf fois la part de la France. D'où cette morgue aigrie et jalouse de vieille nation industrialisée pour un jeune pays émergent. Celle qui faisait déjà dire en 2006 à Thierry Breton que M. Mittal devrait apprendre "la grammaire des affaires". Celle qui fait se pincer le nez quand le Qatar achète le PSG ou quand un Chinois ose s'offrir un grand cru classé de Saint-Émilion. 

 

Il est ainsi de bon ton de moquer l'amour immodéré de M. Mittal pour le luxe. De se gausser du mariage fastueux de sa fille. Un peu comme l'aristocrate désargenté qui n'a jamais travaillé de sa vie raille les habits trop clinquants du riche commerçant à qui il vend son château. M. Mittal, c'est vrai, a l'argent décomplexé. Quinze milliards d'euros, gagnés non pas au Loto, ce qui en France en ferait un héros, mais en transformant la petite aciérie achetée par son père en Indonésie en géant de la sidérurgie mondiale employant 250 000 personnes. M. Mittal n'a rencontré qu'une heure M. Hollande à l'Élysée. Dommage qu'il n'y soit pas resté plus longtemps pour donner à notre président des cours de rattrapage sur la mondialisation économique, la compétitivité et l'art de conquérir des parts de marché.



07/12/2012
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