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La jeunesse face aux défis du développement du Cameroun : autour de la table du débat politique de la Fondation Friedrich Ebert à Yaoundé.

Le désormais traditionnel débat politique du mois à la fondation Friedrich Ebert s’est tenu ce vendredi 11 mars 2016 sur le thème « Les jeunes face aux défis du développement du Cameroun ». Sur le panel, 4 jeunes, donc 3 hommes et une femme, avec en bonne place le président du Conseil National de la jeunesse. Structuré en 4 sous-thèmes, à savoir :

-      Jeunesse, Formation et emploi ;

-      Jeunesse et participation au développement ;

-      Jeunesse et économie numérique ;

-      Jeunesse et sécurité

Les interventions des panélistes, au-delà de celle de Me Jean Guy Zogo, Greffier au Tribunal du sud, ont globalement laissé sur sa faim un auditoire pourtant très intéressé. A titre d’exemple, sur le volet formation, le panéliste est passé à coté de la problématique de l’efficacité du système éducatif en interne comme en externe. Le débat sur cette faiblesse décisive est-il mené aujourd’hui ? La crise de l’emploi aujourd’hui, et plus spécifiquement celle de ce qu’il est convenu d’appeler l’emploi jeune n’est-elle pas avant tout une crise de l’éducation donnée et reçue au Cameroun ? Ce débat-la n’a pas été fait et on ne peut cependant pas en faire l’économie. Sur la question de la participation des jeunes, l’approche statistique et l’exhortation faite aux jeunes à se mobiliser élude malheureusement aussi le problème de la dépolitisation du pays en général, et de la jeunesse en particulier : la politique aux politiciens et l’école aux écoliers, tel est le credo du pouvoir en place. Corollaire de ce problème, celui de l’instrumentalisation politique de la jeunesse, comme programme de mise en place d’une contre-culture politique. Quand le Conseil National de la jeunesse se veut ostentatoirement apolitique et se refuse à intervenir sur les sujets politiques alors que l’essentiel des problèmes de la jeunesse est de la compétence des politiciens et ne peut trouver de solutions durables que dans une approche globale et systématique, autant dire politique ; quand toutes les OSC camerounaises[1] se targuent d’être apolitiques au mépris de la mission fondamentale historique de la société civile, on ne peut que s’interroger, et s’inquiéter. Il suffit par exemple d’examiner le problème du financement adéquat de l’éducation et de la formation, ou celui de l’éducation politique de la jeunesse, de  l’égalité de chances devant la formation et l’emploi, du financement de l’investissement jeune et j’en passe. Comment les poser ou les solutionner dans une démarche autre que politique ? Autre chose, la capacité des jeunes Camerounais à inscrire leur action dans la mondialisation actuelle a échappé à l’analyse. On aurait pourtant pu la faire par le biais de l’économie numérique.

En 2008, les jeunes ont fait irruption à leur manière sur la scène sociopolitique et dans le débat démocratique : par le biais de la violence. La création subséquente du Conseil national de la jeunesse leur ouvre-t-elle une alternative crédible et d’avenir, susceptible de les convaincre de faire valoir autrement leur volonté de faire entendre leur son de cloche à l’avenir ? On peut en douter. En donnant la parole sur les défis de la jeunesse au « happy few » qui a eu le privilège d’accéder à l’éducation, même s’il s’agit d’une éducation de qualité globalement questionnable – la création de programmes d’urgence et de centres d’excellence, volonté aristocratique de réserver l’excellence à un oligopole sélectionné par les voies que l’on sait – on oublie vite que 75% de chaque génération de jeunes Camerounais quitte l’école avant la classe de quatrième. Après 2008, nous nous efforçons sans doute à préparer les explosions sociopolitiques de demain.

 

Roger Kaffo Fokou, écrivain, enseignant, syndicaliste

 



[1] Cf. Société civile et engagement au Cameroun, enquêtes, analyses, enjeux et perspectives, Yaoundé, Editions Samory, 2015



22/03/2016
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