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Le « coup politique » de ces dernières heures est indubitablement l’alliance MRC-MANIDEM ou Maurice Kamto-Ekane Anicet. Peu de personnes l’ont vu venir, y compris au sein des deux formations politiques en noces. Des personnes « bien intentionnées » avaient jusque-là indiqué à Maurice Kamto, avec une insistance qui sentait drôlement, la direction du FDC d’Emilien Atangana, dans un paysage qui compte 17 partis sur 18 susceptibles d’être sollicités à cet effet. Et voilà que subitement ,« bam ! », l’on n’apprend que c’est au MANIDEM que Maurice Kamto a choisi de prendre ses quartiers pour l’élection présidentielle d’octobre 2025. Comment cela a-t-il été possible et surtout, comment se fait-il que cela soit passé sous les radars ? Et comme souvent ces derniers temps, la machine à décryptage s’est déclenchée et n’arrête plus de crépiter. Et elle crache un peu de tout. De façon très attendue, le professeur Claude ABE n’a pas pu s’empêcher de laisser vagabonder sa plume. Et le résultat est loin d’être inattendu…

On sait que M. ABE Claude ne fait pas mystère de sa détestation de Maurice Kamto, et qu’il en a fait ces dernières années une croisade tribale. Encore un professeur de plus ! Sauf que M. ABE, subtilement ici croit-il, veut donner à penser qu'il ne s’en prend qu' à l’homme Maurice Kamto alors qu'il s’attaque au candidat Maurice Kamto. Et ce faisant, pose un acte dans la campagne électorale décidément précoce cette saison. Et du coup, ce ne sont pas seulement les intérêts de Maurice Kamto qu’il attaque, mais ceux de tous ceux qui pensent que le président du MRC représente une réelle chance de changement pour un pays exsangue ; un pays labouré par 43 ans de misère matérielle et morale ; un pays saigné de violentes malversations à répétition ; un pays fatigué de la collusion des intellectuels, de la trahison des clercs, de la pourriture d’une partie de l’élite de grands diplômés rompus à la connivence et à la complicité avec un système engagé dans une quête de reproduction  éternitaire effrénée. Et cette attaque, faussement ad hominem, il faut la dénoncer : « C'est effectivement un grand coup qui renseigne les Camerounais sur le profil moral et mental de celui qui sollicite leurs suffrages », affirme Claude ABE dans la chute de son texte. Eh, disons-lui que nous ne partageons pas son analyse, et que nous avons des raisons à cela.

La première raison est que M. Claude ABE, tout professeur des universités qu’il se revendique, souvent contre l’avis ferme de ses collègues, n’est pas crédible dans la posture de victime et de donneur de leçon qu’il se donne ici. Dans ce court libelle supposément viser Maurice Kamto, il se livre un nombre incalculable de fois à ce qu’il appelle lui-même dans son texte le « sport favori » de ceux qu’il considère comme les soutiens de son adversaire honni : l’insulte. Inutile de relever les occurrences en question, il le fera très bien lui-même. Pour utiliser ses choix lexicaux, cela trahit son cruel manque de hauteur en la circonstance, et démarque clairement de lui Maurice Kamto si l’on en croit Me Yondo Black dans le récent ouvrage qu’il a commis sur l’acteur politique : « Il sait, sans les rendre, recevoir des coups de la part de ceux qui, par amour-propre, ne veulent pas reconnaître qu'ils ont perdu. Il sait éviter toute polémique qui ne serait qu'une débauche sans intérêt d'énergie à une passe de la vie où le pays a besoin de la contribution de ses enfants, de tous ses enfants. » Qui pourrait pareillement recommander M. ABE Claude ? Cela reste attendu. Les outrances de M. ABE Claude font donc difficilement de lui une victime. Ses incohérences l’habilitent fort peu à s’ériger juge de la cohérence des autres.

Dans ce petit fragment d’insultes qu’il adresse aimablement à Maurice Kamto, il n’est guère avare d’incohérences. Lorsqu’il dit qu’il faut qu’après l’élection présidentielle le MANIDEM « sache s'organiser à tirer profit de la popularité de M. Maurice Kamto », il y condense entièrement l’incohérence de sa pensée. Comment explique-t-il que le médiocre politicien, le médiocre stratège, le champion de l’incohérence qu’il veut donner à voir aux Camerounais soit si populaire que le MANIDEM gagnerait à s’organiser pour en tirer profit ? Est-ce lui qui parle dans cette phrase ou son inconscient qu’il n’arrive pas à taire suffisamment ? Dans le même sens, il reconnait que ce simple contrat entre Maurice Kamto et le MANIDEM donne à ce parti « un niveau de visibilité jamais égalé». La médiocrité n’est donc pas du côté que désigne M. Claude ABE.  Cela nous amène à sa seconde incohérence. Il veut apparaître comme le chantre de l’humilité qui selon lui est une « ressource politique capitale » dont manquerait M. Kamto. Disons-lui qu’il s’agit d’une ressource capitale tout court. L’exemple de cette alliance qu’il porte aux nues se révèle un contre-exemple de son propos au regard des effets qu’elle est susceptible de produire, de sa propre analyse. Mais s’en aperçoit-il ? Il paraît bien que « non ». Alors, comment pourrait-il juger valablement de la cohérence de quelqu’un d’autre ? Enfin et pour s’en tenir à peu, il agite ce qu’il appelle « un égotisme sans limite » de la part de Maurice Kamto. Encore une fois, on pourrait lui demander de balayer devant sa cour.

En effet, M. Claude ABE devrait balayer devant sa propre cour. D’abord parce que son point de vue sur M. Kamto n’est guère que le sien et de quelques personnes qui sont dans sa situation et que, contrairement à lui, je ne vais pas traiter de tous les noms d’oiseaux. Ils ont bien droit à leur point de vue. Encore une fois, donnons la parole à Me Yondo Black Mandengue, pour une raison simple que M. Claude ABE va vite comprendre : « Personnellement, dit en effet Me Yondo Black, je ne suis ni du parti politique de Maurice Kamto, ni de sa communauté ethno-tribale, et ne suis membre avec lui de quelque organisation sociale que ce soit. » Et que dit Me Yondo Black de Maurice Kamto ? Rien qui se rapproche du propos de M. Claude ABE : « Il est venu faire la politique autrement, ce qui l'expose à la vindicte de la vieille école où la compromission, le clanisme, le népotisme, la corruption, la secte sont à la base de toute promotion sociale. » N’est-ce pas au fond cela qui oppose M. Claude ABE à Maurice Kamto ? Le second élève le débat, le premier n’a de cesse de l’abaisser. Ensuite parce que, dans cette alliance MRC-MANIDEM, à aucun moment M. ABE ne voit l’intérêt général ; il n’y voit que l’intérêt d’un individu (M. Ekané Anicet), à la limite d’un collectif privé (le MANIDEM). Ce qui est loin du point de vue du MANIDEM, et pour cause.

La lecture qu’en donnent les responsables du MANIDEM (Henriette Ekwe comme Anicet Ekané) est en effet aux antipodes de celle de M. Claude ABE ! Ce dernier les a certainement suivis sur les antennes à ce propos comme les Camerounais. De même, dans la lecture de la situation des militants et cadres du MRC victimes des exactions du régime, M. Claude ABE ne voit que des sacrifices de carrières politiques et de vies…inutiles ! Que n’aurait-il pas dit des 27 ans de prison de Nelson Mandela ? Le message est clair : M. ABE Claude est incapable de sacrifier sa carrière ou sa vie, pour quelque raison que ce soit. Sa valeur ultime, c’est lui-même. Lorsque Me Yondo Black écrit : « par amour de la patrie et dans l'intérêt de la Nation, j'appelle le peuple de l'opposition à lui apporter son soutien, tout son soutien, comme cela s'est vu sous d'autres cieux, afin que de nos efforts communs et de la volonté de tous, naisse un Cameroun nouveau. J'affirme humblement que le professeur Maurice Kamto est une chance pour le Cameroun en ce début du siècle. », les mots qu’il utilise, les sentiments auxquels il fait appel, les valeurs qu’il convoque, n’ont aucune espèce de résonnance chez M. Claude ABE. Tout tend au contraire à prouver qu’ils trouvent chaque jour un écho toujours plus puissant chez un nombre grandissant de Camerounais.

Roger KAFFO FOKOU, Ecrivain.