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Le LAAKAM et l’affaire Mgr TONYE BAKOT : un positionnement problématique.

Par Roger KAFFO FOKOU, intellectuel et écrivain camerounais

 

En lisant sur le Net l’intitulé de la déclaration du LAAKAM sur ce qu’il est convenu désormais d’appeler « l’affaire Mgr Victor TONYE BAKOT », je n’ai pu m’empêcher de sursauter. Cette déclaration et peu importe son contenu, prise et diffusée sans mon humble avis et à mon modeste insu ainsi que de celui de millions d’autres comme moi, m’engageait d’une manière surprenante pour ne pas dire franchement désagréable et difficilement acceptable pour un esprit libre. Il s’agissait bien de la déclaration du LAAKAM, une association bamiléké, mais elle se voulait indiscutablement « Déclaration solennelle de la communauté Bamiléké qui est au Cameroun et dans le reste du monde, en réponse à la nouvelle affaire Bamiléké déclenchée par Monseigneur Victor TONYE BAKOT, Archevêque de l’Eglise catholique romaine qui est au Cameroun ».  


Comme je l’ai dit plus haut, oublions le contenu de ladite déclaration, que je trouve un tantinet passionné, et propre à jeter de l’huile sur un feu allumé et entretenu par des personnes manifestement déraisonnables, indiscutablement en panne d’intelligence, et moralement méprisables que notre médiocratie fabrique et entretient par grappes depuis son accession à la néocolonisation. Les noms de ces personnages, pas toujours inconnus du grand public, sont presque aussi sales que l’esprit et les mœurs qui les habitent, ne les écrivons donc pas. C’est peu de dire que les personnages de cet acabit ont depuis longtemps pignon sur rue chez nous ; de façon ouverte ou discrète, ils sont adoubés par le pouvoir établi, et des boulevards de communication leur sont ouverts pour empoisonner les mœurs publiques naturellement sociables des Camerounais, et surtout l’éducation de la jeunesse.


Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’Eglise universelle nationale, la très sainte Eglise catholique romaine du Cameroun, se laisse aller à patauger dans cette fange-là (cf. le célèbre mémorandum des prêtres douala) et Mgr Victor TONYE BAKOT n’est qu’un héritier. Un héritier de très haut rang et c’est là que le bât blesse mais enfin ! En se taisant sur de telles dérives, cette Eglise et d’autres confirment certaines critiques et assument une position aux yeux de l’histoire. C’est une responsabilité et si celles-ci veulent l’assumer, elles en ont la liberté et le droit.


Pour revenir au sujet, comment ajouter de la passion à de la passion sans risquer de provoquer un incendie ? Je ne veux pas interroger plus avant le contenu de cette « déclaration du LAAKAM » que je ne veux pas assumer, tout en étant indiscutablement bamiléké.


La première raison de cette distanciation que je m’impose est que justement personne ne me l’a demandé. Cela ne doit pas avoir été considéré comme important, sans doute parce que les auteurs ont présumé que mon consentement était acquis d’avance, instinct grégaire oblige sans doute. Deuxièmement parce que, même si l’on m'avait demandé explicitement de l'assumer dans les conditions de sa rédaction et de sa diffusion, l’on aurait malgré tout voulu m’obliger à l’assumer sans bénéfice d’inventaire.


Comme au vieux temps du taylorisme, l’on a opéré une segmentation verticale dans la communauté bamiléké du Cameroun et du reste du monde, certains étant invités à ne plus penser, du moment qu’il y avait déjà des personnes autodésignées pour le faire à leur place. Je déteste la manipulation, même quand elle se prétend bien intentionnée. Comment le LAAKAM pourrait-il se réunir si près de moi, sans m’en dire un seul mot, et prendre un aussi important engagement en mon nom, et le diffuser, en mon nom et sans me demander mon avis, et tout cela pour mon bien ? Quand on pose des actes pour le bien de quelqu’un, sans lui et sans son avis, sans doute parce que l’on soupçonne qu’il ne comprendrait pas et peut-être s’y opposerait, au moins il faut qu’on ne les lui fasse pas assumer.


Comme toutes les communautés du monde et plus encore en raison de sa situation dans le champ sociopolitique et économique camerounais, la communauté bamiléké a besoin de guides et de porte-parole. Dans un pays où la peur des statistiques entretient un flou officiel et des fantasmes collectifs, où l’on estime sans la moindre démonstration que cette communauté est en situation d’abus de position dominante et ne devrait donc plus jamais rien revendiquer en attendant que les autres communautés nationales la rattrapent et que la justice soit ainsi rétablie, il existe indiscutablement un besoin de prendre la parole en son nom et pour ses intérêts, pourvu que ce soit avec son consentement. Or comment obtenir un tel consentement quand cette communauté n’est pas organisée pour le délivrer ? Il faut donc que le LAAKAM prenne entièrement ses responsabilités et agisse avec maturité.   

 



08/08/2012
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