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Par Roger KAFFO FOKOU, auteur de Cameroun : liquider le passé pour bâtir l’avenir, Paris, l’Harmattan, 2009

Le Cameroun, malgré une forte délégation constituée en majorité d’officiels, est revenu bredouille des Jeux olympiques de Londres 2012, égarant au passage 7 à 8 athlètes en cours de route. Habitude oblige, cela n’a pas suscité le moindre débat. Le baron de Coubertin, célèbre pour la rénovation des JO, ne disait-il pas que « l’essentiel n’est pas de gagner mais de participer » ? Du coup, toutes ces nations qui se battent pour récolter des médailles aux JO apparaissent comme des fossoyeuses dudit esprit. La place de dernier convient ainsi mieux à celles qui ont parfaitement assimilé l’esprit des jeux et se contentent de peu si ce n’est de rien. Le célèbre baron avait dû oublier que chaque nation participante aimerait bien qu’à chaque édition, son hymne y soit chanté au moins une fois. Si l’on interroge les Camerounais, ils diront pour se consoler que les médailles sont affaire de grands pays : les Etats-Unis, la Chine, la Russie… Ce n’est donc pas de notre faute si nous n’en ramenons rien. La vérité est plus nuancée. Certains petits pays, plus petits que le Cameroun, font chaque année des scores plus qu’honorables aux JO, des scores à faire pâlir d’envie ou de jalousie les pauvres Camerounais, qui paient chaque 4 ans les frais d’une forte équipe de touristes aux JO. Et ces petits pays-là, quand on les observe bien, ne font pas seulement mieux aux JO : ils font mieux que nous dans de nombreux autres domaines, avec infiniment moins de ressources humaines, matérielles et financières que nous. Il est temps que nous le reconnaissions : contrairement à nos ancêtres, nous sommes devenus des fainéants, on a fait de nous des fainéants, et nous nous y habituons dangereusement. Comparons plutôt nos performances avec celles de la Jamaïque, et essayons d’en tirer les leçons qui s’imposent pour notre avenir. Sinon, adieu émergence et tout le reste. 

I. Performances de la Jamaïque (depuis 1948 donc 16 éditions) et du Cameroun (depuis 1964 soit 12 éditions) aux JO 

Commentaire : la Jamaïque a obtenu plus de 12 fois le total des médailles obtenues par le Cameroun. Même en tenant compte de la participation plus ancienne de la Jamaïque, la différence demeure celle qui sépare le jour de la nuit : environ 4 (3,875) médailles par édition pour la Jamaïque contre moins d’une demi-médaille (0,416) pour le Cameroun. En mettant côte à côte les fiches pays de la Jamaïque et du Cameroun, on ne peut pas ne pas être surpris par la nature des contrastes qui nous bondissent à la figure.

II. La Jamaïque et le Cameroun : des contrastes saisissants et éloquents 

Observations : tous les paramètres quantitatifs sont en faveur du Cameroun et tous les paramètres qualitatifs sont en faveur de la Jamaïque. En clair, avec peu de ressources humaines, matérielles et financières, comparée au Cameroun, la Jamaïque performe mieux que ce pays, pas seulement en sport, dans tous les autres domaines.