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Manipulation de la crise mondiale : le Vatican aussi exprime ses doutes

Par Roger KAFFO FOKOU, auteur de Les Générations sacrifiées, SL 2001

 

Dans un certain nombre d’articles[1] de ce blog, nous avons essayé d’attirer l’attention de nos lecteurs sur un certain nombre d’éléments suspects qui permettaient depuis le départ de se demander dans quelle mesure derrière la spirale de la crise actuelle, d’abord des subprimes, puis de la dette souveraine, ne se cachait pas une nébuleuse manipulatrice. Ce faisant, nous avons pris le risque d’apparaître, aux yeux d’une opinion matraquée par les vues des analystes orthodoxes, pour un partisan au mieux irresponsable et au pire dangereux de la théorie « ridicule » du complot. Je pense notamment aux spécialistes comme Pierre-André Taguieff, pour n’en citer qu’un sur une très longue liste,  directeur de recherche au CNRS et auteur entre autres de L’Imaginaire du complot. Aspect d’un mythe moderne. Il suffit de relire son propos sarcastique et érudit pour apprécier le risque qu’il y a à ne pas s’aligner sur l’orthodoxie de la pensée unique en voie de mondialisation : « On commence, dit-il, par douter des faits et soupçonner la manipulation, on s’applique ensuite à démystifier, pour enfin désigner les coupables, les agents secrets de la mystification et les forces occultes à qui elle profite ».Quand on a été exposé à ce type de discours comme à des radiations, on n’en ressort jamais indemne. Pas étonnant que ce qui crève les yeux soit aujourd’hui nié, censuré, refoulé dans un subconscient individuel ou collectif.

 

Il s’agit d’un type de censure pernicieuse qui fonctionne d’autant efficacement qu’elle déclenche chez la cible un phénomène d’autocensure que ce dernier assume naïvement. Comment ne pas être désarmé par l’adhésion que recueille le discours majoritaire puissamment relayé et bénéficiant du prestige crédibilisateur des plateaux de télévision et des feuilles glacées des journaux de grands tirages ? L’intellectuel doit cependant, quand en son âme et conscience il est certain d’avoir vu ou aperçu autre chose, avoir le courage de la dissidence, et encourir le cas échéant les conséquences que cela suppose. Malgré son adhésion regrettable au fascisme, Ezra Pound a dit une chose remarquable : « Je tiendrai des propos que peu de personnes peuvent se permettre de dire car ils mettraient en danger leurs revenus ou leur prestige dans leurs mondes professionnels, et qui sont uniquement à la portée d'un écrivain libre. Etant donné la liberté dont je jouis, je suis peut-être un imbécile d'en faire usage, mais je serais une canaille si je ne le faisais pas ». D’où la question : la crise actuelle est-elle oui ou non manipulée depuis l’ombre ?

 

Le figaro.fr du 14 janvier 2012, dans un article intitulé « S&P : le Vatican a des doutes sur le timing », nous révèle que le Vatican aussi vient de se joindre au camp de la théorie du complot.  « Le Vatican, y lit-on, à travers l’Osservatore Romano, a émis des doutes samedi sur « le moment » choisi par l’agence de notation américaine Standard and Poor’s pour dégrader les notes souveraines de divers pays européens dont l’Italie déclassée de deux points à BBB+ ». Un discours tout en euphémisme qu’explique la réserve qui doit normalement caractériser les propos d’une institution comme le Vatican. Le Vatican s’est donc contenté d’émettre des « doutes », exprimés dans comme titre à l’article cité le titre éloquent « Moment suspect », affirmant que S&P avait agi « Avec un sens du calendrier parfait et suspect ». Pour bien montrer que son discours allait au-delà de la simple suspicion exprimée, le quotidien du Vatican révèle que « Pékin elle-même a soulevé des doutes sur la crédibilité des agences de notation ». Les langues se délient donc de plus en plus. Je sais, l’on va me dire que les agences de notation n’épargnent personne, et qu’elles ont d’ailleurs commencé par dégrader la note américaine. Et quelle a jusqu’ici été la conséquence concrète de cette dégradation ? Rien, trois fois rien. Curieux non ? Ailleurs, la dégradation a rapidement produit un impact. Récemment, lorsque les agences de notation en étaient encore à la menace sur le triple AAA de la France, les autorités françaises, n’avaient pu s’empêcher d’attirer l’attention sur une curiosité : pourquoi la note anglaise n’était-elle pas aussi menacée alors que l’économie britannique se porte encore plus mal que celle de la France ? Aujourd’hui, après la dégradation de la note souveraine française, on peut parier que bientôt la note souveraine de la Grande-Bretagne sera dégradée… et cela ne produira aucun effet. Parce que la Bank of England, comme la Fed fait marcher la planche à billets ? Hum !



[1] Lire « Enigme : une nébuleuse manipule-t-elle dans les coulisses de la crise mondiale ? », « Sortir de la crise : l’Europe doit jouer ses cartes plutôt que celles de Wall Street » et « Des banquiers proaméricains au chevet de l’Europe : sauvetage ou euthanasie ? » 

 



15/01/2012
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